La création de l’Inter-associatif

Les aléas de l’histoire de l’Inter-associatif sont liés pour une grande part aux assauts toujours renouvelés à l’égard de ce que nous appelons « la psychanalyse laïque », ainsi en :
Janvier 1989 : Une campagne de presse nationale  va mettre en cause les psychanalystes qui ne répondent pas aux critères de formation de la SFP ; la référence à Lacan est suspectée d’escroquerie et considérée comme dangereuse : « […]jamais la pratique lacanienne n’a été acceptée hors des sociétés lacaniennes. Une telle technique, qui ignore les problèmes de cadre (constantes de la pratique), qui laisse au psychanalyste un arbitraire insupportable (pratique de la scansion et des séances courtes), l’amenant à imposer au patient un mutisme systématique, à interrompre brutalement la séance sans prendre en considération son degré de régression, sa souffrance, et son analysabilité, parfois à lui faire violence au sens propre, est toujours considérée par les autres psychanalystes comme inacceptable. Certains n’ont pas hésité à la qualifier d’escroquerie. » A. Green – « Un mythe : la psychanalyse française » – Janvier 89.

C. Comté et C. Dumézil invitent à titre individuel les responsables des associations, les membres de Passerelle et Gérard Pommier à répondre à ces attaques. J. Clavreul propose une lettre de réponse acceptée par tous et propose un colloque inter-associatif.
La nécessité d’un engagement au nom des institutions apparaît alors et 7, puis 8 associations mandatent des représentants : CCAF, CFRP, Cercle Freudien, Convention Psychanalytique, le Mouvement du Coût Freudien, Errata, la Fédération des ateliers de Psychanalyse et Psychanalyse Actuelle. Ils décident de la date du colloque, du style du travail et des thèmes.
Si « l’Inter-associatif se définit alors comme un groupe de réflexion et un organe de liaison permanent ouvert à toute personne et à toute institution intéressée » les attaques et remises en question de la psychanalyse qui s’oriente à partir de l’enseignement de Lacan le conduisent à prendre ou à tenter de prendre une position  plus politique.

L’Inter-associatif se dote d’un bulletin : Bulletin de l’Inter-Associatif de psychanalyse, dont le premier numéro paraît en octobre 1991. Y figure sur toutes les pages et en bandeau : « Nous sommes dans un temps nouveau pour la psychanalyse ».
« Le bulletin aura non seulement pour fonction d’être l’organe d’informations de l’interassociatif, mais il aura encore pour objet de mieux vous associer aux enjeux que l’Interassociatif soutient et met en place, par les associations qui le composent . »
Trois numéros sont prévus dans l’année, ils sont élaborés par 4 personnes issues de 4 associations tirées au sort.

Un second colloque est immédiatement envisagé pour octobre 91 : « L’enseignement de Lacan, 10 ans après », ainsi que la constitution de séminaires, « comprenant des représentants de différentes associations, afin de réactiver les questions théoriques et cliniques entre nous ».
Ce sont maintenant 10 associations qui travaillent à la préparation de ce colloque : en effet l’Association Freudienne et les Séminaires psychanalytiques de Paris ont rejoint l’Inter-associatif.

Les années 91 et 92 vont être le moment de débats et de crises au sein de l’Inter-associatif, et dans cette même période vont apparaître le signifiant « européen » et la volonté de ne plus limiter l’Inter-associatif aux associations françaises.

La question de l’ouverture de l’Inter-associatif aux associations européennes était posée mais elle va prendre davantage de consistance du fait de la création de la Fondation Européenne de Psychanalyse (16 juin 1991).
Certains des membres fondateurs de la Fondation Européenne sont aussi les délégués de leur association à l’Inter-associatif. Des associations vont ainsi se trouver divisées par la question que pose la création de la Fondation même si la compatibilité des deux a pu être soutenue avec les arguments suivants : la Fondation cherche à fédérer des personnes et l’Inter-associatif des associations ; la Fondation ne s’occupe pas de la formation des analystes, au contraire des associations qui forment l’Inter.
La crainte d’une confusion, voire d’une assimilation de l’une à l’autre  va conduire l’Inter-associatif à resserrer son objet sur les associations et leur lien.
La Fondation se déclarant Européenne va précipiter l’Inter-associatif dans la concrétisation de ce projet de contacter les associations européennes pour tenter de les intéresser au projet inter-associatif.

La question de l’internationalisation des mouvements psychanalytiques ne se pose pas uniquement à l’échelle française, ou européenne.
Depuis 1987, 18 écoles d’Amérique du Sud organisent une rencontre annuelle dite « lacano-américaine », la première avait eu lieu en Uruguay, la seconde au Brésil et la troisième en Argentine (octobre 89). Dans l’annonce de cette troisième rencontre, les organisateurs/trices donnaient la définition suivante : « Lacano-américain est une métaphore destinée à définir le lecteur de l’œuvre de Lacan, pour qui les problèmes de la transmission n’ont connu ni les avantages ni les écueils du transfert à sa personne ». Ce mouvement donnera naissance à La Convergencia.